Edouard Manet

Issu d’un milieu aisé, Manet nait à Paris en 1832. Il échoue au concours d’entrée à l’école navale mais s’embarque à 16 ans pour Rio comme élève-pilotin. Au terme de ce voyage, il rentre dans l’atelier de Thomas Couture que l’exécution des Romains de la décadence a rendu célèbre deux ans auparavant. Il voyage en Europe, parachevant ainsi une formation déjà très solide : Hollande, Italie, Espagne. L’Espagne, surtout, marquera profondément sa production.

Le scandale rythme la création de Manet. Rien toutefois n’a jamais pu fléchir une volonté artistique farouchement déterminée. « Leur œil se fera », disait-il. En dépit de ses déboires (tableaux refusés au Salon, scandales du Déjeuner sur l’Herbe puis de l’Olympia), Manet fut entouré d’amitiés solides rendues possibles par son tempérament enjoué et généreux. Parmi celles-ci, on trouvera de nombreux écrivains, poètes et critiques d’art qui, tous, le défendirent ardemment, dont Baudelaire, Zola, Mallarmé, Huysmans.

Très vite, les jeunes artistes tels Monet, Renoir, Bazille, Fantin-Latour, le regardent comme le leader de l’avant-garde parisienne. Peu soucieux de se mêler à des artistes émergents, Manet ne participera pourtant à aucune des expositions de ceux qu’on nomme déjà les impressionnistes. À partir de l’été 1874, où il entreprend avec Monet plusieurs tableaux importants dont Argenteuil et En Bateau, il prend toutefois le risque d’une peinture en plein air. Ses goûts sont ailleurs pourtant : dans la ville elle-même. Manet est un flâneur, un amoureux du pavé parisien et c’est là qu’il trouve ses sujets : des ponts, des rues, des chanteuses et des buveurs, tous peints en atelier. Combiner la tradition picturale et les sujets contemporains, être le peintre inspiré de la vie moderne, tel est l’enjeu.

En 1882, un an avant sa mort, il peint Un Bar aux folies-bergère. Son ultime chef-d’œuvre.

S. T