Projet de création de Golnaz Berhouznia

Nymphal

de septembre 2024 à juin 2025

Les insectes constituent plus de 50 % de la biodiversité. Ancêtres des animaux terrestres, ils sont au cœur de l’équilibre de notre écosystème. Le monde des insectes est perçu comme étranger, parfois dangereux pour les humains. Pourtant, sur plus de 40 000 espèces recensées en France, seulement une vingtaine est réellement nuisible. Selon certains sondages près de 40 % des espèces d’insectes sont en voie d’extinction. L’impact de la vie moderne, l’urbanisation, l’artificialisation des sols, la pollution, les changements climatiques, menacent fortement cette classe.

Note d’intention de l’artiste

Depuis plusieurs années, je développe des projets plurimédias en lien avec le vivant.
Nymphal est une évolution logique de cette démarche, où la proposition plastique s’alimenterait des données du monde vivant. Ainsi, elle relierait les données de ces deux mondes : l’environnement humain et le milieu naturel. Nympal proposerait de revisiter la relation de l’homme à la nature, en interrogeant notre répulsion, mais également notre fascination pour les insectes.

Les insectes ont peu évolué au cours des derniers millions d’années. En cela ils différent radicalement des sociétés humaines, constituées en ensembles stables et sédentaires depuis à peine 10 000 ans. La relation particulière que nous avons avec les insectes est rarement anodine : souvent vus comme radicalement différents du règne animal et des mammifères, les insectes apparaissent à beaucoup comme menaçants, à la fois par leur taille – ils peuvent se glisser sous la peau -, par leur étrangeté, et par leur organisation en sociétés géantes pour les insectes sociaux. Les références culturelles du XXe siècle comme les films L’Inévitable Catastrophe (Irwin Allen, 1978), Starship Troopers (Paul Verhoeven, 1998) ou Phase IV (Saul Bass, 1974) démontrent notre imaginaire contemporaine des insectes et la projection de notre peur sur eux. Pourtant beaucoup de mythes entomologiques ont accompagnée l’histoire de l’humanité avant nos ères.

Le but pour moi n’est pas de réaliser un écran informatif du règne animal et des insectes. Je voudrais imaginer une entité autonome, inspirée de la classe entomologique, qui relirait deux mondes : l’environnement humain, et le milieu naturel des insectes.

Références entomologiques
Les références entomologiques de Nymphal, comme le principe de nid et les stades de métamorphose, pourront produire chez le spectateur une forte confrontation avec l’idée de cette classe vivant.
 Principe de Nid
Une structure inspirée de la forme des nids d’insecte, de cocons de chenilles, nous renvoie à ces références.
 Stades de Métamorphose
Les insectes constituent une des classes les plus importantes d’animaux, comme la branche des Arthropodes, qui connaissent un processus de métamorphose. Cette période se manifeste par les changements morphologiques et comportementaux radicaux et irréversibles.
La logique de l’évolution de l’entité de Nymphal permettrait de mettre en place de nouveaux stades de son existence durant l’exposition.

Territoires et échelles
 Échelles
Dans notre monde, nous dominons les insectes dans notre rapport d’échelle. Je voudrais inverser ce rapport, et donner une transcription scénographique aux questionnements sur l’avenir de l’espèce humaine.
 Territoires
D’un côté l’architecture d’insectes, de l’autre l’architecture humaine.
La forme de l’œuvre pourrait ressembler à un nid géant, se situant à mi-chemin entre les formes animales, d’une part – toiles d’araignées, cocons, nymphes, chrysalides – et les formes humaines, d’autre part, posant la question de l’invasion entre espèces. La dimension de la structure pourra poser de fait la question de qui envahit qui.

Dispositif technique
 Installation générative
Le projet pourrait se développer sous forme d’une installation audiovisuelle, générative et interactive en collaboration avec des développeurs. Le programme génératif, peut permettre un développement infini (formes et comportements) de l’entité. D’autre part le programme peut permettre des interactions avec le lieu : la salle d’exposition.
 Planches d’évolution de l’« organisme »
Dans une partie complémentaire de l’installation, Nymphal devient l’objet de son étude par l’intermédiaire de planches présentant des cycles de son évolution, d’écrans de visualisation avec des graphismes. A travers ces éléments, le visiteur peut ainsi entrer dans l’histoire de l’entité.

Rencontres avec les publics

- Rencontres-débats
Ce dispositif sera visible lors de temps d’expositions à l’Espace Jean-Roger Caussimon et dans d’autres lieux d’art d’Ile-de-France. Ces restitutions pourront donner lieux à des rencontres-débats et des actions d’éducation artistique et culturelle.

- Visites commentées pour les groupes et individuels
Visites commentées autour d’œuvres artistiques en lien avec la réflexion menée puis autour de l’œuvre présentée lors de la restitution.

- Visites-ateliers scolaires
Visites-ateliers en direction des élèves de primaire et secondaire pour aller à la rencontre du travail engagé par l’artiste proposant un temps de rencontre avec une œuvre suivi d’une mise en pratique permettant de développer l’un des axes abordés.

- Atelier ouvert
La présence de l’artiste in situ renforce la dynamique de rencontre avec les publics. En complément à ces rencontres et échanges informels, l’espace d’atelier effectuera une ou deux portes-ouvertes afin que chacun puisse s’imprégner du travail en cours et de la démarche artistique menée.

Collaborations scientifiques

L’interaction avec des chercheurs en sciences naturelles et spécialement en entomologie, est nécessaire pour mieux imaginer les faunes entomologiques, pour comprendre des notions comme différentes familles d’insectes et de pouvoir choisir, grâce à ces échanges, une ou d’espèces. Ces échanges permettront d’imaginer la forme du projet avec cohérence, de recueillir les données inspirantes.

Un projet développé en partenariat avec le Crossed Lab, le Petit FabLab de Paris, le Lab86 et l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (UMR ISYEB 7205) du Muséum national d’Histoire naturelle