Projet de création de Golnaz Berhouznia

Observations Post-Viventem

de mars à octobre 2023

L’inspiration vient d’une carrière abandonnée désertique dans les Deux-Sèvres, une sorte de cratère que j’ai découvert avec Rémi Boulnois en 2020, pendant le confinement.
Des panneaux interdisaient d’entrer sur la zone. Un milieu semi désertique, d’un aplat énorme, modulé par des roches noires géantes.
D’impressionnantes falaises fermaient ce milieu caché.

Les lois de sécheresse avaient démultiplié des plantes désertiques résistantes.
Sur des roches géantes décorant l’espace sec, un énorme écosystème de mousses, différent de ce que nous voyons dans les zones humides, a fortement attiré mon attention par ses couleurs plus foncées. Des micro-paysages se formaient et nous perdions l’échelle.

Cela m’a projetée dans une sorte de vision de renaissance, de reprise de la vie, après son extinction dans le futur.
Ce monde de la carrière et ces micro-paysages de roches semblaient des tentatives d’émergence de règne végétal et de champignons, là ou il n’y avait plus rien. En effet, grâce à leur tolérance à la dessiccation, ces espèces peuvent survivre à l’état déshydraté au-delà des capacités des plantes vasculaires.

A la même période, comme tous les événements artistiques étaient quasi à l’arrêt, David Guez - artiste des médias - avait créé une sorte de réseau-laboratoire nommé MyOwnDocumenta.art dans lequel chaque artiste invité avait un atelier virtuel. Il pouvait partager des notes, des recherches de toutes sortes, photos, poésies, dessins. Cette interface à laquelle il m’avait invitée m’a beaucoup motivée pour expérimenter en littérature, en dessin et écrire sur de nouveaux projets.
Suite aux photographies que j’ai pu produire à la carrière, j’ai développé des essais littéraires fictionnels qui ont constitué une série que j’ai nommé Observations Post-Viventem.

En 2023, j’ai eu envie de reprendre ce projet et de le compléter.
Rémi Boulnois et moi-même avons décidé de travailler ensemble sur le projet et nous sommes retournés plusieurs fois sur place pour filmer les paysages de roches et de mousses.
Rémi Boulnois a des notions de physique et de spatial, de bonnes idées pour la scénographie, les dispositifs, le rythme et la composition en vidéo. 

J’ai confronté ces mousses munies de spores (leurs organes de reproductions), qui représentaient pour moi un espoir de reprise, à des objets que j’ai créés comme formes possibles d’une telle reprise « post vie ».

En collaboration, nous avons composé un environnement d’œuvres.
L’idée finale aboutirait à une installation, une sorte d’observatoire scientifique d’éléments du milieu, avec les dimensions monitoring, mission, caractérisation du terrain.
Cela ressemblerait au futur d’après le vivant, et à ce qui pourrait en émerger.
Comme une exploration d’après la vue terrestre.
Une série de sculptures florales dans des dessertes de laboratoire, aux éclairages délicats. Des vidéos multi-écrans, comme des images captées par sondes spatiales, des textes d’observations du terrain scientifiques et poétiques sur écran.

G.B.

Restitution : du 14 octobre au 31 octobre 2023, dans le cadre de la semaine de pratique et d’échanges Photophore.