samedi 27 avril 2024 à 15 h 30

La vie et l’œuvre d’Orlan

Conférence d’histoire de l’art par Sylvie Testamarck

Artiste majeure internationalement reconnue pour ses actions et performances ayant trait à l’art corporel s’exprimant avec la photographie, l’art vidéo, le multimédia et la sculpture interactive.

L’action la plus radicale menée sur un corps est sans doute celle d’Orlan sur le sien. Indéfiniment interrogé, celui-ci a été photographié, sculpté, hybridé, filmé, incisé, questionné, théorisé. Elle a 17 ans lorsqu’elle prend une photo dont elle est le modèle nu, accouchant d’un mannequin androgyne, et qu’elle intitulera Orlan accouche d’elle m’aime. C’est un acte fondateur pour l’artiste qui s’engendre seule, une seconde fois, s’inventant une nouvelle identité en même temps qu’un temps nouveau nom. Née Mireille Porte, elle s’appellera désormais ORLAN. En 1977, Le Baiser de l’artiste, son installation-performance exposée à la FIAC, suscite déjà le scandale. Dans Le Drapé-Le Baroque (1979 à 1986) où elle apparaît en Sainte Orlan, une vierge blanche ou noire, l’artiste poursuivra cette interrogation sur l’iconographie religieuse.

Neuf opérations de chirurgie esthétiques sont réalisées entre 1990 et 1993 dans un bloc opératoire conçu comme un atelier d’un genre nouveau dans lequel les chirurgiens opèrent sur un visage qu’elle entend ainsi métamorphoser, échappant dès lors au déterminisme génétique et social. Ces opérations-performances sont scénarisées, théâtralisées, filmées, voir pour certaines d’entre elles diffusées en direct dans différents centres d’arts suscitant diverses polémiques : le corps de l’artiste devient alors le lieu du débat. Dans les Self-Hybridations qui courent de 1998 à 2002, l’artiste utilise la technique du morphing pour hybrider virtuellement son visage avec ceux provenant d’Afrique ou du monde amérindien. Elle renouvèle ainsi l’art de l’autoportrait par la mixité des canons de beauté d’origines géographiques et culturelles distinctes.

En 2011 est créé le Manteau d’Arlequin, une installation mêlant art et biotechnologie. Tissée d’images de cellules vivantes (les siennes et d’autres, d’origines humaines et animales), la figure d’Arlequin est ici utilisée comme métaphore du croisement, de l’intersection et de l’hybridation. Ces problématiques ont toujours été au cœur d’un travail d’une rare audace, mêlant lui-même des techniques d’expressions très diversifiées (photo, vidéo, sculpture, infographie, chirurgie esthétique, biotechnique). Faire bouger les lignes qui cloisonnent les individus et advenir à soi-même, tel a toujours été l’enjeu.

S.T

Entrée libre adhérents et – de 18 ans
Adhérents partenaires tremblaysiens : 3 €
Non adhérents : 5 €